Qu’est-ce que l’intelligence et comment on la mesure ?

L’intelligence, c’est bien plus que des tests ou des chiffres. C’est notre capacité à penser, à créer, à s’adapter et à comprendre le monde qui nous entoure. L’idée de cet article est de vulgariser ce qu’est réellement l’intelligence, selon la neuropsychologie, à travers les différents modèles théoriques, les outils de mesure et les perspectives futures.

Une compétence adaptative

Du point de vue de la neuropsychologie, l’intelligence est une compétence adaptative qui est définie comme la capacité d’un individu à s’ajuster et à évoluer dans son environnement.

L’intelligence est une capacité complexe qui nous permet de moduler et d’utiliser efficacement nos compétences cognitives, émotionnelles et sociales pour réussir à accomplir nos objectifs. Elle englobe la faculté de comprendre et d’apprendre, mais aussi de résoudre des problèmes à partir de nos connaissances ou de nos expériences passées.

THÉORIES SCIENTIFIQUES

L’évolution des modèles théoriques

Les premières mesures de l’intelligence

Au début du XXe siècle, le psychologue français Alfred Binet fut chargé de développer un moyen d’identifier les enfants nécessitant une éducation spécialisée. Binet a introduit le concept de l’âge mental, posant ainsi la première pierre de la mesure de l’intelligence. Son travail a jeté les bases pour le futur développement des tests d’intelligence.

Le modèle Cattel-Horn-Caroll : 3 types d’intelligences

Plus tard, au milieu du XXe siècle, le domaine de la psychométrie a connu une avancée significative grâce aux théories factorielles. Raymond Cattell a proposé la distinction entre l’intelligence fluide, soit la capacité de raisonner et de résoudre des problèmes, et l’intelligence cristallisée, qui reflète le niveau des connaissances et compétences acquises, soit le savoir. Ses collaborateurs John Horn et John Caroll ont étendu cette théorie, en ajoutant une autre dimension à l’intelligence, en lien avec les capacités de traitement de l’information. Il y intègre la vitesse de traitement, soit la rapidité avec laquelle la personne perçoit et traite les informations, et la mémoire de travail, capacité de garder en mémoire des informations, afin de les manipuler mentalement. Ce modèle, nommé modèle CHC (Cattel-Horn-Caroll), est un élément majeur de la neuropsychologie.

Comment mesurer l’intelligence ?

David Wechsler, psychologue américain, a créé une échelle d’intelligence en 1950 aux éditions Pearson. Régulièrement, une nouvelle version est publiée, avec des subtests qui évoluent et des normes mises à jour. Cet outil est largement répandu et utilisé par les neuropsychologues du monde entier.

Les échelles de Wechsler considèrent l’intelligence comme une entité globale, mais avec plusieurs facettes interdépendantes, en s’inspirant largement du modèle de Catell-Horn-Caroll. Elles offrent ainsi une représentation équilibrée, couvrant les domaines du raisonnement et de la compréhension verbale, de la résolution de problèmes, du traitement visuel, de la mémoire et de la vitesse de traitement.

Les résultats obtenus à partir de ces échelles fournissent une mesure du quotient intellectuel (QI) et des notes d’indices dans chaque domaine, ce qui, mis en comparaison les résultats de la population normative, permet de situer l’individu par rapport à sa classe d’âge.

CRITIQUES ET ALTERNATIVES

Les visions alternatives

Les outils utilisés communément par la neuropsychologie sont considérés par certains chercheurs comme pas assez représentatifs de la complexité humaine.

La théorie des intelligences multiples de Howard Gardner

Une critique fréquente faite aux modèles et aux outils utilisés par la neuropsychologie fait état de son approche très scolaire et occidentale. Ainsi, dans les années 1980, Howard Gardner a tenté de bouleverser ce domaine avec sa théorie des intelligences multiples. Selon Gardner, il existe plusieurs types d’intelligence : linguistique, logico-mathématique, spatiale, musicale, kinesthésique, interpersonnelle, intrapersonnelle, naturaliste et existentielle. Cette approche souligne la diversité des compétences des individus, mais aussi l’importance de trouver des points forts chez toutes les personnes, quels qu’ils soient.

L’intelligence émotionnelle

Dans les années 1990, Daniel Goleman a introduit le concept d’intelligence émotionnelle, soulignant l’importance des compétences émotionnelles et sociales dans le succès personnel et professionnel. Cette forme d’intelligence comprend la conscience de soi, la maîtrise de soi, la motivation, l’empathie et les compétences sociales.

L’invalidité scientifique de ces théories

Même si ces théories sont indéniablement pertinentes sur la plan clinique et qu’elles ont suscité un grand intérêt chez le grand public, elles ne parviennent pas à répondre aux critères de validité scientifique. En effet, elles manquent de preuves empiriques solides et tangibles et ne font pas consensus au sein de la communauté scientifique. De plus, ces théories sont généralement liées à l’interprétation subjective du clinicien, et l’absence d’outils de mesure valide rend étude objective compliquée, voire impossible. 

Enfin, les théories de Gardner et de Goleman ont du mal à prédire avec précision le succès académique, professionnel ou personnel des individus. Contrairement aux mesures de Wechsler, qui ont une corrélation significative avec la réussite dans un grand nombre de tâches cognitives et dans les parcours de vie des personnes.

Que retenir ?

L’intelligence telle que définie par la neuropsychologie est un concept qui met en avant son rôle crucial dans la capacité d’un individu à s’adapter à un environnement complexe et en constante évolution. Elle intègre divers aspects de la cognition et du comportement humain, essentiels pour faire face aux défis et opportunités de la vie quotidienne. L’élaboration de modèles et d’outils validés scientifiquement et puissamment prédictifs en a permis une meilleure compréhension. L’importance de la rigueur méthodologique dans l’élaboration des outils d’évaluation et des modèles théoriques ne peut être sous-estimée.

Seule une démarche rigoureuse et méthodique permettra de dévoiler pleinement les mystères de l’intelligence humaine et de les appliquer de manière effective et éthique.

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